J’ai récemment eu un échange avec un jeune travailleur aux conditions précaires qui voulait que je lui trouve du boulot. En l’écoutant il a dit une phrase qui indique l’état d’esprit d’un certain nombre de jeunes ivoiriens: Je vais essayer le concours du CAFOP et devenir instituteur ordinaire.
Avec le salaire et les gombos je pourrais me gérer. Qu’est ce que cela signifie? Lui demandai-je. Patron, même à l’école on racket maintenant hein. On impose des cours de renforcements à tous les enfants et c’est payant. Et aux devoirs on ne donne que les sujets abordés pendant les cours de renforcementRévélateur. Et il y a pire dans le système éducatif ivoirien.
Les épreuves orales des examens sont la période de traite de certains enseignants véreux. Pour l’anglais, ils demandent aux élèves de « parler français », ou encore « Chelsea ou Barcelone » autrement dit il faut payer pour avoir une bonne note. Avec 2000 francs l’élève obtient une note de 16/20 sans dire un seul mot d’anglais. Ceux qui ne paient pas repartent avec un 7/20
Essayez de faire dédouaner un véhicule que vous avez importé en Côte d’Ivoire. Si vous n’êtes pas courageux, vous risquez d’abandonner votre véhicule dans les entrepôts de la douane. La transmission de votre dossier d’un bureau à l’autre peut se faire en quelque seconde si vous y ajoutez un billet de 10.000 francs.
La lutte contre le racket est devenu un refrain et les hommes en tenue sur nos routes (et à l’aéroport) ont changé de méthode: ils mendient maintenant.Vraiment gênante cette insistance avec laquelle le policier après un contrôle de routine vous demande: Chef, y a rien pour nous?
Nous sommes ici au soleil et on a soif. Ou la dame au contrôle des passeports qui demande: Mon frère … tu laisse quoi à ta soeur en sortant du pays? A la justice, c’est pareil. Pour étouffer une affaire il faut soudoyer le procureur…
Les dirigeants ont changé, les hommes sont restés les mêmes et les habitudes sont devenues une seconde nature.