Mon dernier article sur Global Voices s’interroge sur la portée des quelques rares appels au calme en Côte d’Ivoire suite à la montée de violence.A la suite de la semaine très mouvementée où la Côte d’ivoire a basculé dans une violence sans précédent depuis les élections de novembre 2010, les Nations Unies évoquent un risque de guerre civile. Des internautes ivoiriens, même si très minoritaires, ont appelé à la retenue.Photo Stefan Meisel (Copyright Demotix) – Dessin d’un artiste ivoirien de 26 ans, Aboudia (Abdoulaye Diarrassouba), fait en décembre 2010 durant les émeutes qui ont suivi le second tour de la présidentielle ivoirienne.
A la différence de la plupart des utilisateurs de Twitter ivoiriens qui, des deux côtés, soufflent sur les braises de la division, la blogueuse Yeni Djidji qualifie sur son blog cette violence de Doublement ridicule. Dans ce billet, la blogueuse déplore les destructions des bus de la SOTRA (Société des Transports Abidjanais) par les partisans de Alassane Ouattara et condamne la riposte des pro Gbagbo qui détruiront ensuite des mini cars privés de transports en commun censés appartenir à des partisans de Ouattara.
Vous voyez à quel point la situation devient ridicule. A quel point le fanatisme politique, peut inhiber le bon sens des gens. On sait tous où Alassane se trouve, on sait tous où Gbagbo est. Mais, c’est dans les quartiers que les gens s’empoignent, ce sont les biens qui n’appartiennent ni à l’un ni à l’autre qu’ils détruisent.
De son côté, Stéphane sur son blog Dans ma cabeza se pose des questions sur les motivations profondes de ceux qui posent les actes de violence. Dans un billet intitulé Au nom de … quoi?, ils amène chacun à se souvenir des événements douloureux que la Côte d’ivoire a vécus par le passé.
Quel souvenir gardons-nous des évènements de 2000 ?
? Une des nombreuses expressions de notre vocabulaire politique : le balayeur balayé ?
? Un « beau » monument censé célébrer les combattants de la démocratie, mais qui ne représente pas encore le symbole qu’il doit être ?
Si vous êtes conscients de l’importance de cette période dans notre histoire mais comme moi, êtes incapables d’avoir un souvenir très précis, alors dites-moi au nom de quoi nous battons-nous aujourd’hui ?
Stéphane remet ensuite en cause les idéaux au nom desquels les Ivoiriens se livrent à cette violence de trop.
Au nom de… quoi ?
Au nom de la souveraineté ??? Clamée par l’un dont certains choix économiques pour son pays trahissent les mots ?
Au nom de… quoi ?
Au nom de la démocratie ??? Défendue par l’autre dont les supputations sur le passé jettent des ombres sur sa cause ?
Souveraineté ??? Démocratie ??? Au regard de tout ce sang versé, ce ne sont que d’autres noms qu’ils donnent au mal selon qu’il vive dans un hôtel ou dans un palais.
Sur Twitter, quelques internautes ivoiriens se sont posés les mêmes questions, à l’instar de @diabymohamed repris ici par @Jeanjacquesk :@jeanjacquesk RT@diabymohamed#civ2010 on sème ce qu’on récolte. Pourquoi avons nous abandonné notre culture de paix ? POURQUOI ET POUR QUI???Dans la même veine, la blogueuse Edith Brou propose que Ouattara et Gbagbo soient bannis de la vie politique en Côte d’Ivoire pour un retour à la paix.@edithbrou on bannit LG et AO de toute implication ( et leur clique) dans la vie politique ivoirienne.
A côté de ces appels au calme sur le Net, les femmes de Côte d’Ivoire ont décidé se faire entendre. Ainsi à Treichville (commune d’Abidjan) elles ont marché toutes de blanc vêtues pour dénoncer les tueries de leurs enfants. Elles se sont données rendez-vous au siège du PDCI (Parti Démocratique de Côte d’ivoire) et de là ont voulu marcher sur la Garde Républicaine. Un dispositif policier a bloqué la marche des femmes et une intervention d’un commissaire de police a mis fin à la marche.