Abidjan, un samedi matin. Je décide de faire un tour à l’abattoir municipal de Port Bouët pour me procurer de la viande. Scènes décousues.

Après le carrefour Akwaba c’est la concentration des vendeurs de moutons. Ces ovins viennent principalement des pays voisins (Mali, Burkina Faso). Pas d’enclos en bonne et due forme. Les moutons sont attachés sur des morceaux de bois.

Acheteurs et vendeurs marchandent. Un adolescent force un bélier à traverser la route entre deux coups de klaxons d’un taxi communal.Sur la droite après l’hôpital, une clôture sur laquelle le temps a fait son effet. Une boue contenant de la bouse déborde sur la chaussée. Les véhicules l’évitent. Tout le long de la route. Des commerces sont en face. Produits alimentaires compris. Ballet de grosses mouches.

Abattoir de Port Bouet à Abidjan

Les travailleurs, qui sans chaussures, qui avec des bottes en caoutchouc s’affairent autour des boeufs entassés derrière ces barres de fer. Un autre carrefour, sur la droite. On arrive aux étals des vendeurs de viande. Mouton et boeuf principalement. Fraîche ou braisée. Chaque étal porte un numéro, parfois un surnom (Champi Kilo, Américain…).

Les démarcheurs bousculent le visiteur, chacun veut le conduire vers un vendeur. Les braiseurs proposent de goûter aux saucisses locales faites de restes d ‘abats fourrés dans les boyaux…Sur des carrés de viande fraîche encore suspendus ont peut voir le cachet du contrôle vétérinaire qui certifie que la viande est consommable. (Vraiment?)

La propreté reste à désirer. Les eaux très sales dégagent une odeur nauséabonde. Les grappes de moustiques sont visibles.


Les vendeurs ambulants agacent. Certains veulent vous vendre des ignames, d’autres des ustensiles de cuisine ou encore des CD piratés. Une dame insiste pour que je goûte à son atoukpou de Bonoua encore chaud.

 
Déchargement d’un camion de boeufs

Une jeune fille  se promène avec une bassine pleine de sachets d’eau glacée. Non loin, un camion vient d’arriver avec une cargaison de boeufs. Il faut décharger. Les jeunes accourent. Les portes s’ouvrent et le travail commence. Les défenseurs des droits des animaux auraient des chapitres à écrire ici.

Le soleil monte, il faut chaud et les prix sont élevés. Comme un cartel chaque boucher répète le même prix que les précédents ont annoncé soit pour la viande avec des os ou de la viande désossée.

En contre-bas, des fûts coupés couvrent du feu. Là sont fumées les têtes, queues et peaux de boeuf. Un autre commerce, avec ses spécialistes et sa clientèle habituée. Les mangeurs de placali en savent quelque chose.

 
Etal de viande braisée

Les voitures défilent. Les Abidjanais viennent des autres quartiers se fournir ici. Dans un autre coin, c’est la volaille: Pintades (importées vivantes), poulets (pondeuses, chair, africains), pigeons, dindes. Il faut marchander et ensuite négocier avec les jeunes chargés de tuer, plumer et découper la volaille.

Pour le visiteur d’un jour c’est une pagaille. Mais derrière ce cafouillage règne une organisation où chaque participant joue son rôle.

Cherchez à mettre de l’ordre et vous verrez le courroux des cartels: Importateurs, acheteurs, bouchers, transporteurs. es travaux de modernisation ont été annoncés avec fracas. Un an et toujours pas de début. Ainsi va le temps à l’abattoir le plus célèbre d’Abidjan.