L’entreprenariat est en vogue ces temps-ci dans nos pays sous-développés. Il a même été présenté comme le remède miracle au chômage des jeunes. Mais à l’analyse il y a  peu de nouvelles entreprises qui survivent après 5 ans et qui créent de la valeur de façon durable. Au Canada et en France le taux de survie oscille entre 30 et 35%. Le taux de survie est encore plus bas dans nos pays et les statistiques manquent cruellement; la majorité de nos petites entreprises opérant dans le secteur informel.

Les échecs sont inévitables et très utiles

Les raisons des échecs sont multiples. J’ai toujours dit et je soutiens encore que le plus gros problème des entrepreneurs ivoiriens n’est pas le manque de financement. La question du financement vient en sixième position. En effet les plus gros problèmes sont  dans l’ordre le manque de compétences en gestion d’entreprise (le profil de l’entrepreneur), l’environnement des affaires, les lenteurs administratives, l’environnement politique, culturel et social et le manque de financements.

Aujourd’hui je veux partager trois erreurs que j’ai commises avec une activité que j’ai lancée en 2013 et qui a échoué après huit mois seulement.

L'échec prépare au succès

Échec et fermeture

Ayant travaillé pendant cinq années au réseau de Shell en Côte d’Ivoire et dans presque toutes les zones du pays, j’avais décelé une niche sur laquelle une petite entreprise bien organisée pouvait faire la différence : la gestion des espaces verts des stations-service à Abidjan. Les gérants faisaient appel à des particuliers qui sont dans l’informel, qui ne sont pas réguliers, avec des tarifs à la tête du client et une qualité de service variable. Les compagnies comme Shell et Total imposaient aux gérants de faire un entretien des espaces verts deux fois par mois. Après avoir identifié un besoin, évalué la taille du marché, fait mon business plan, j’ai lancé « Pelouse & Compagnie » et j’ai financé le matériel sur mes économies.

Erreur numéro 1: Le  mauvais timing de lancement

J’ai commis l’erreur de lancer la boîte en février alors que nous étions en pleine saison sèche à Abidjan. En cette saison, la demande de ce type de service est faible et j’ai dû financer les salaires, le carburant et le transport sur fonds propres. Nous avions très peu de commandes, les stations pouvant se contenter d’un seul  entretien par mois au lieu de deux en saison des pluies.

Si vous devez lancer une nouvelle activité, il est important de connaître la saisonnalité de la demande pour éviter de commencer avec des commandes trop faibles, votre trésorerie pourrait en souffrir.

Erreur numéro 2: Un mauvais recrutement

Souvent, j’entends les gens dire que les entreprises n’embauchent pas ou que les recruteurs choisissent des gens qu’ils connaissent. À l’analyse que voulez-vous ? Les entreprises ne recrutent pas par plaisir, mais par besoin. Les erreurs de recrutement coûtent très cher aux entreprises et je l’ai vécu de la manière la plus dure. Il vaut mieux recruter des personnes dont on connaît les compétences et la moralité.

J’avais personnellement recruté le gérant sans prendre le temps de faire les vérifications nécessaires (due diligence comme on le dit pour faire in). Et il avait à son tour recruté les ouvriers. Je me suis retrouvé avec des ouvriers paresseux et revanchards qui étaient toujours en retard et qui s’intéressaient seulement à leur salaire. Mais pire, le gérant était le loup dans ma bergerie. Il était celui qui allait vendre tout le matériel et disparaître dans la nature en prenant soin de me bloquer sur tous ses numéros et réseaux sociaux.

Erreur numéro 3: La faiblesse des contrôles

Les contrôles en entreprise sont des mesures de sécurité destinées à assurer la continuité des affaires. Parfois on pense que les contrôles ralentissent l’activité ou qu’ils sont là pour nous ennuyer. À moins d’être personnellement impliqué au quotidien et/ou d’avoir des contrôles stricts, il ne faut pas entreprendre. On peut aussi se dire qu’une petite entreprise n’a pas forcément besoin de contrôles. C’est bien le contraire. On n’a pas forcément besoin de tout un département contrôle, mais il faut au moins avoir les bases en place.

Vu que j’étais en mode start-up, je n’ai pas mis en place des contrôles sur les sorties des machines et un lien avec les destinations du jour. Cette absence de contrôle a facilité les marchés parallèles pour les ouvriers et cela a permis au gérant de sortir toutes les machines et les vendre.

On apprend mieux des échecs que des réussites

Il existe encore de nombreuses autres erreurs que les entrepreneurs peuvent commettre mais j’espère en parler dans d’autres billets. Je crois qu’on apprend mieux des erreurs des autres que de leurs succès. Les success-stories qu’on voit partout sur les réseaux sociaux occultent une grande partie des réalités souvent. En évitant d’échouer, l’on finit par réussir.

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Leçons d'un échec d'entrepreneur
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