Ce samedi 19 février 2011 a été un jour tendu à Abidjan vu l’activité politique qui était prévue. Dans un contexte de fermeture de banques (9 banques privées ont suspendu leurs activités en Côte d’Ivoire à ce jour), la décision de nationalisation des banques par Gbagbo, les partisans de Ouattara avaient prévu de faire des meeting éclatés pour dire non à Laurent Gbagbo qui refuse de reconnaître le verdict des urnes du 28 novembre 2010 et s’accroche au pouvoir. Dans le même temps, les « jeunes patriotes » de Laurent Gbagbo avaient prévu un meeting pour dénoncer la Communauté Internationale, la France (de Sarkozy) et Ouattara Allassane le vainqueur de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Abobo, 50 mètres de la mairie ce 19 février 2011 |
La situation est aussi marquée par un couvre-feu instauré à la va-vite par décret de Gbagbo en vue de casser les rassemblements pro Ouattara.
Ce samedi 19 février 2011 nous avons décidé de suivre les manifestants qui devaient faire un rassemblement pacifique au rond point central de la commune d’Abobo (Nord d’Abidjan et pro Ouattara) en face de la mairie.Nous sommes partis du Zoo pour tenter de rejoindre la place de la mairie d’Abobo en passant par le carrefour Samaké.A l’approche du carrefour, nous avons vu les gens courir dans tous les sens. Les unités du CECOS (Centre de Commandement des Opérations de Sécurité, unité mixte comprenant la Police,la gendarmerie et des militaires ), cagoulés et AK 47 au point tirant des rafales sillonnent la zone pour disperser les regroupements.
Abobo, 19 février 2011 |
Cargo BAE en patrouille à Abobo 19 février 2011 |
Au le lieu de rassemblement, la présence policière était très bine visible. Des cargos de la Brigade Anti Emeutes et de la CRS sillonnent la zone. il faut avoir du coeur pour avancer. Les pneus en feu, les coups de feu et les bombes lacrymogènes sont de la partie. Des pillards cassent le mur d’un magasin d’électroménager et s’emparent des marchandises. La police ne réagit pas au début. Elle attend la fin de la casse pour descendre du rond point et font des tirs en l’air.Nous n’avons pas pu accéder au lieu de meeting.
Le podium dressé par les organisateurs a été brûlé par les forces de l’ordre de Laurent Gbagbo.Après plusieurs tentatives nous comprenons qu’il est impossible d’accéder au lieu du rassemblement.
Dans le même temps, des manifestations similaires ont lieu dans les quartiers sud d’Abidjan (Koumassi,Treichville). Mais au sud d’Abobo les marcheurs qui n’ont pu accéder à la place de la mairie se réunissent au niveau du carrefour Banco et affrontent les forces de l’ordre. Ils seront protégés par les casques bleus de l’ONU. Mais la journée a été meurtrière ailleurs vu que 3 personnes ont été tuées dans les heurts avec la police à Abidjan.
Parallèlement, les bus de la SOTRA (Société des Transports Abidjanais, société d’Etat) transportent les miliciens et jeunes patriotes pro Gbagbo en direction de Yopougon pour un meeting bien autorisé et encadré par les forces de l’ordre. Et dire que le droit de manifester est un droit constitutionnel…