Qu’est ce qui fait de toi un fils des Etats Unis d’Amérique jusqu’à en être le président?
Toi, fils de Kenyan (un vrai), descendant d’un Kenyan pur sang et lui-même descendant d’autres kenyans ayant été les premiers sur leur terre…

Tu as vu le jour en 1961 a Hawaii, devenu état des USA en 1959, le dernier des états du pays. De justesse. Tu aurais pu être juste un Hawaiien et n’avoir pas le destin que l’on te connait aujourd’hui.Tu as passé une partie de ta vie en Indonésie car ta mère séparée de ton père, l’Africain, a choisi de suivre son nouvel époux dans son pays d’origine.


Si la paternité est la plus forte, pourquoi n’es tu pas un kenyan, un africain tout comme moi?
Est-ce juste la loi des Etats-Unis qui fait de toi un de ses fils? Américain à la faveur de ta naissance sur le territoire peu importe tes origines?


Ou est ce ta mère, cette blanche américaine originaire du Kansas, elle-même fille d’américains formatés dans la plus pure tradition Country?
Cela suffit-il à faire de toi un fils des Etats-Unis au point d’en être le président?


Ne serait-ce pas ton histoire et ton vécu américain? Le fruit de ce que cette nation a de bien: Son éducation; toi le diplômé de Columbia et de Harvard. Ton engagement pour changer ce que cette nation a de mal. « community organizer », tu as travaillé au sein de ta communauté pour réduire les disparités. Le produit du système de ce pays qui t’a vu être avocat puis Sénateur…

Ton exemple m’enseigne que la paternité ne suffit pas à faire de toi un étranger pendant que la loi ne suffit pas à faire de toi un américain. Mais ce qui définit la vraie identité et l’appartenance à un pays est ce qu’on y construit. Son investissement personnel dans l’avancée de la société, son engagement pour son prochain, son « compatriote ». Son acceptation de la culture de ce pays, son identification à ses
valeurs.

Ton exemple me montre que tu es le fils d’une terre et d’un peuple qui a accepté ses differences culturelles et qui a surtout compris qu’elles sont sa veritable richesse. Le programme Green Card et le Dream Act en sont de parfaits exemples. Ton père, le Kenyan, t’a fait le plus grand des présents en te laissant être un américain et pas un kenyan. Car ici, on a encore du mal a comprendre que ceux qui ont grandi avec nous, ont épousé notre culture ne sont pas moins nationaux que nous.

Et notre meilleure référence est ce proverbe: « Le bout de bois aura beau durer dans l’eau, il ne devient pas caïman« .
Et pourtant, ici, nous avons applaudi ta victoire. Nous avons félicité le pays qui t’a accepté au point d’en faire son président, toi le nègre, fils de kényan. Mais nous sommes aujourd’hui incapables d’accepter le voisin d’en face, aux parents étrange(r)s, avec qui nous jouions enfant.