Ce matin en allant au travail j’ai vu une poubelle en bordure de rue en Zone 3 à Abidjan et cela m’a fait sourire. La poubelle ( dépourvue de sacs pour faciliter son vidage) était pleine à craquer. Les gens ont continué à y mettre les ordures. Au sol, des ordures jonchent les alentours de la poubelle. Au feu j’observais les gens continuer à y jeter qui, un gobelet plastique après avoir bu un café, qui un sachet noir qui contenait le gbofloto* matinal.
Au moment de détourner mon regard, un détail sur la poubelle a attiré mon attention: des pictogrammes indiquant un compartiment « recyclable » et un compartiment « autres ». J’ai éclaté de rire.
Et je me suis rendu compte que nous étions loins, très loin derrière le reste du monde en matière de salubrité, collecte et tri d’ordures. En réalité celui qui a conçu la poubelle ne comprend pas grand chose au recyclage. Tout ce qui est recyclable ne va pas forcément ensemble.
Et encore faut-il avoir une filière de recyclage ou d’exportation des déchets pour les faire recycler là où se trouve la technologie et/ou la volonté politique.Quid du camion de ramassage d’ordures qui passe une fois par semaine peut-être ? Il est mono-compartiment, partout dans ce pays.
Toutes les ordures, recyclables ou pas sont déversées dans la benne, direction Akouedo, la seule décharge d’Abidjan…
Qu’on ait une poubelle qui permet de faire un tri correct ( plastiques, verres, autres) sans avoir la chaine de ramassage capable de maintenir ce tri, et encore moins des filières pour faire le recyclage montre qu’on a mis la charrue avant les boeufs. Ou peut-être que quelqu’un a fait faire des poubelles plus chères pour faire des photos et justifier des dépenses quelque part…
L’image de cette poubelle traduit aussi les difficultés et les échecs collectifs des ivoiriens à régler le problème de salubrité dans la ville d’Abidjan. Les sacs plastiques sont clairement le plus gros lot des ordures dans cette poubelle et dans nos rues. Ces sacs ont pourtant été interdits en 2013 et malgré la sensibilisation et les tentatives de repressions, les habitudes ont la peau dure.
Les consommateurs continuent de demander aux commerçants d’emballer leurs achats dans les sacs plastiques, et ensuite les jettent dans la rue. La vente d’eau en petits sachets prospèrent au vu et au su de tous. Les entreprises qui fabriquent ces sachets existent toujours et de de nouvelles entreprises (clandestines parfois) se lancent dans la production de sachets plastiques.
En quelques secondes au feu j’ai eu encore un douloureux rappel de ma théorie selon laquelle le sous développement est lié à nos comportements individuels et collectifs.
* Eugenio viendra m’aider à mieux définir cette galette