Un jour le vieux Janva et son fils adolescent Kandana allaient en voyage dans une contrée lointaine. Ils prirent leur petit sac et une gourde contenant de l’eau, ceignirent leur âne et se mirent en route.A Téképé le premier village qu’ils traversèrent, les habitant assis sous les arbres au bord de la route ne manquèrent pas de critiquer ce convoi singulier:
Pourquoi ils sont bêtes comme ça? Ils ont un âne et tous les deux sont en train de marcher sous le chaud soleil
Janva entendit cette remarque et continua son chemin. A l’entrée de Tangafla, il fit monter son fils Kandana sur l’âne et lui marchait. Arrivés à la place centrale du village, il entendit les insultes des villageois qui se prélassaient à l’ombre d’un vieux baobab:
Mais les enfants d’aujourd’hui sont méchants, comment ce gamin peut-il être assis sur l’âne pendant que son père marche ? vraiment , le monde va à la dérive.
Djanva sourit sous cape et continua son périple. Le soleil continuait de lancer ses dards mordants quand Kandan et son paternel entrèrent à Kamara. Djanva fit descendre son fils et monta l’âne. En traversant cette bourgade, il essuya les regards désapprobateurs et les commentaires désagréables des vieux:
Cet homme est méchant quand même. Comment peut-il monter l’âne et laisser ce garçon marcher sous ce chaud soleil?
Kandana ne comprenait pas trop la gymnastique que lui faisait faire son père, mais ne broncha pas. A l’entrée de Niofoin, Djanva fit monter son fils et s’assit aussi sur l’âne. Quand ils passèrent devant la case sacrée, les sages et les sacrificateurs se retournèrent pour les regarder. Puis après une longue interjection, l’un des sage dit tout haut ce que le groupe pensait tout bas:
Ils sont sans coeur ces deux imbéciles, comment peuvent-ils être à deux sur le dos de la pauvre bête?
Quand il arrivèrent chez son frère Zanapé, Janva fit asseoir sont fils et lui parla de sa voix rauque.
« Je t’ai fait voir une facette des hommes sur cette terre lors de ce voyage, quoi que tu fasses, ils te critiqueront »
Puis après avoir bu un grand coup de tchapalo, il continua:
« C’est dans la nature de l’homme de trouver quelque chose à redire sur ce que font les autres. Que tu fasses le bien ou la mal, ils en parleront. Beaucoup médiront, certains parleront en bien mon fils »
« Ne leur tiens pas rigueur mon fils, vis ta vie comme tu l’entends » lui dit-il.
Et en guise de conclusion il ajouta « Suis ton coeur dans tout ce que tu fais mais emporte ton cerveau avec toi «
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