La crise poste électorale que vit la Côte d’Ivoire nous livre chaque jour des choses incroyables. Mais cette semaine la violence est montée d’un cran et a atteint un niveau qui nous ramène aux heures sombres de la rébellion armée en 2002 et 2003.

La bataille pour le contrôle d’Abobo (certainement en raison du centre émetteur de la RTI) nous a entraînés dans un engrenage de violence. Entre temps, le panel de Chef d’Etat de l’Union Africaine n’a pas encore donné ses conclusion.

Dans cette attente, Charles Blé Goudé, le Leader de la galaxie patriotique pro Gbagbo a appelé ses partisans et tous les jeunes ivoiriens à aller recevoir les dernières consignes. Au cours d’une rencontre dans la commune de Yopougon, favorable à Laurent Gbagbo et calme jusque là, il a appelé les jeunes à empêcher par tous moyens l’ONUCI de circuler en Côte d’Ivoire […]

Route barricadée à Abidjan

Ensuite il dira aux jeunes de s’organiser en groupes d’auto défense pour protéger, et surveiller les quartiers. Et c’est de là que vient ma peur. Dans cette surveillance, il est recommandé de neutraliser les inconnus dans les quartiers!Et voilà Yopougon dans la violence et la peur.

Les barrages de la police se sont multiplier et les passagers des transports en commun descende pour une fouille au corps. Les civils ont aussi dressé de multiples barrages sauvages. Lors des contrôles , certains automobilistes se sont vus voler des objets de valeur. Les jeunes n’ont pas l’air lucide et noircissent les visages.

Et à ces barrages, malheur à celui qui fera une objection.A la SIDECI à Yopougon, il y a eu des affrontements entre jeunes pro RHDP et LMP. Les machettes et gourdins sont les armes les plus utilisées. Ces groupes d’auto défense ouvrent la voie aux  lynchages et liquidations extra judiciaires: on a tué un rebelle ici, c’est le sésame pou être félicité. Ainsi à Yopougon Lavage, un chauffeur de taxi a été brûlé vif parce qu’il portait des amulettes…

Gbakas brûlés à Abidjan

Mais dans d’autres secteurs, j’ai vu des jeunes armés de fusils de chasse et d’autres de pistolets en train d’affronter d’autres jeunes! Oui, à Aboboté les Ebrié et et les Dioula en sont arrivés là et à mon passage il y avait un corps à terre, criblé de balles et la gorge tranchée.Des gbakas (véhicules de transport en commun) garés sur une station-service ont été cassés et incendiés. Les pompes de la station ont été endommagées. A

Cocody, un autres groupes de jeunes de la FESCI, suivant le mot d’ordre ont pillé les bouteilles de gaz et menacé d’incendier le site, juste parce qu’un client prenait du carburant dans des fûts! Ils vendent du carburant aux rebelles, c’est la raison avancée.

La liste des abus est longue et il faut craindre le pire.
Lorsqu’on  autorise des civils à s’armer pour rentrer dans une crise qui oppose deux groupes identifiés, on ouvre la boite de pandore  et personne ne maîtrise la tournure des évènements.

Le ressentiment est fort entre de nombreux voisins et des communautés vont s’entretuer bêtement. Comment contrôler des civils en armes? Qui arme les civils? Est-ce cela qu’on promet à la jeunesse? N’y a t-il pas d’armée?