A Abidjan nous avons plusieurs types de véhicules qui jouent le rôle du taxi. Il y a le taxi communal qui reste dans une même commune avec un itinéraire précis et qui prend normalement quatre personnes. Sa couleur varie selon la commune. A Cocody ils sont jaunes, à Yopougon c’est du bleu par exemple.
Ensuite il y a le taxi intercommunal qui a un itinéraire précis entre deux communes et charge à des gares de fortunes bien connues. Sa couleur n’est pas prédéfinie et rien ne le différencie d’un véhicule de tourisme ordinaire.
Enfin il y a le taxi compteur de couleur orange que l’on prend à la course et qui va presque partout dans tout le district d’Abidjan. Ces différents types de taxis ont bien une chose en commun : l’état d’esprit du chauffeur de taxi. Que se passe-t-il dans la tête d’un taximan d’Abidjan?
Toujours pressé
Plus pressé qu’un chauffeur de taxi tu meurs. Il roule à vive allure sans se soucier des limitations de vitesse sauf quand il remarque la présence d’un radar. Il est pressé de passer devant tout le monde au feu. Il est pressé de s’arrêter devant le premier passager.
Viol constant du code de la route
Le chauffeur de taxi a peut-être le permis de conduire. Un grand nombre n’en a pas. Ils ont appris à conduire sur le tas avec un cousin ou un ami. Parfois même ils conduisent en empruntant le permis d’une autre personne. Mais il ignore royalement les règles de conduite. C’est celui qui passe au feu rouge, qui conduit sur le trottoir et aussi qui ne respecte aucun feu stop. La main constamment sur le klaxon il n’a que faire de la quiétude des autres.
Aspect physique négligé
Très souvent en débardeur et sandales, cheveux pas nets et odeur corporelle forte en raison de la chaleur et donc de la transpiration. Abonné au café noir corsé et parfois à la cigarette et la drogue, il ne se gêne pas pour fumer quand il a des passagers.
Mal poli mais sachant demander pardon
S’il grille le feu ne vous trompez pas pour lui faire la leçon. Il a un répertoire bien fourni d’injures grossières bien connues ici. La plus courante étant en malinké, le fameux Bab****Injurieux et violent à souhait mais il devient très poli et courtois quand il vous accroche. Tout de suite il sait demander pardon. Ne vous y trompez pas. Il veut vite faire un arrangement. Ils ont une assurance. Mais l’arrangement c’est pour éviter de devoir aller au commissariat, perdre du temps et payer 10 mille francs pour le retrait du permis. Sachez que comme arrangement il n’hésite pas à vous proposer 2 mille francs pour les dégâts. Si vous refusez il est prêt à se mettre à genoux pour vous supplier.
Maximiser la recette
Le chauffeur de taxi a une recette journalière à verser au propriétaire du véhicule. Il prendra tous les risques pour dépasser cette recette et descendre avec sa part en poche. Ainsi pour un compteur il fera trafiquer son dispositif de comptage pour vous pompes plus de sous. Le taxi communal vous fera payer doublement aux heures de pointe en raison de la demande. Il découpe le trajet en deux. Par ailleurs, parfois au lieu de faire la vidange du véhicule il préférera acheter de l’huile de vidange pour compléter le niveau d’huile moteur. Il achète de préférence des pneus rechapés pour 10 mille francs l’unité. La sécurité ce n’est pas son souci.
Dans la tête d’un chauffeur de taxi il se passe beaucoup de choses qu’une personne normale à du mal à comprendre.
Cas pratique
En rentrant chez moi un soir j’ai été accroché par un taxi trop pressé. Il avait un client qu’il voulait vite déposer et passer à la prochaine course. Il prend la voie de ceux qui viennent en face et au moment où je suis bien engagé dans un carrefour il essaie de se rabattre rapidement. Je suis trop avancé et il accroche mon pare-chocs avant. Il se confond en excuses, et dit savoir qu’il a mal conduit. Il ne veut pas que j’appelle le commissariat pour un constat et propose de payer pour la réparation. Combien ? Deux mille francs CFA. LOL
PS : il existe des chauffeurs de taxi corrects à Abidjan. Mon billet est volontairement caricaturiste.
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