J’ai fait mes études en Côte d’Ivoire et en grandissant je ne savais pas que l’identité d’un individu serait aussi compliquée dans un pays démocratique et émergent en jusqu’en 2021. Jusqu’à présent il y a des amis taquins comme Antoine Mian qui me traitent de sans papiers dans mon propre pays.

Validité 6 mois

Durant les classes primaires, on ne demande pas l’identité en général en zone rurale où j’ai grandi. Ensuite à Yamoussoukro je me promenais avec ma carte scolaire sans problème. En 2001 pour le BAC  j’allais être confronté pour la première fois au problème de pièce d’identité comme la plupart de mes camarades de classe.

Nous avons demandé à l’administration de notre lycée de nous aider à obtenir les pièces d’identité requises pour l’examen du baccalauréat. Au commissariat de Yamoussoukro, nous avons fourni les pièces requises et nous avons pu faire la demande d’Attestations d’identité pour la première fois. Nous avions entre 17 et 19 ans à l’époque. Ces papiers d’identité avaient une durée limitée: ils expiraient après 6 mois.

Après le Bac, il y a eu de nombreuses occasions où il fallait prouver son identité et c’était compliqué. L’inscription à des concours, les opérations bancaires, les contrôles d’identité en circulation etc. Surtout après la rébellion de 2002 qui a entraîné une augmentation des postes de contrôle  partout dans le pays. Et les attestations d’identité avaient une durée de vie de 6 mois. En gros tous les 6 mois j’ai perdu mon identité dans mon pays. Ainsi pendant près de 10 ans, il fallait à chaque fois repartir faire la demande, payer un timbre et surtout fournir les mêmes documents parfois dans le même commissariat.

Enfin sauvé…

En 2009, en préparation des élections générales, les inscriptions sur les listes électorales ont été couplées avec les demandes de CNI. Et une année plus tard, je recevais à 27 ans pour la première fois la pièce nationale d’identité de mon pays. Quelle joie!

J’ai ainsi pu facilement oublier les commissariats et les attestations d’identité. Puis arrive la date de péremption des CNI reçues 10 ans plus tôt. Nous n’avions pas la possibilité d’aller en faire le renouvellement. Les nouveaux majeurs vivaient la même galère, dans l’impossibilité d’aller faire les demandes et recevoir leurs documents. La politique s’étant mêlée à l’identification, les CNI périmées ont été prorogées en conseil des ministres, à deux reprises parce que l’ONI devenue ONECI n’arrive toujours à pas délivrer les pièces.

Retour à la case départ

Malheureusement en 2018, j’ai égaré ma CNI lors d’un voyage. Je suis allé faire une déclaration et demandé un duplicata. On m’a forcé à faire une attestation d’identité avec une durée de validité d’un an. Un an après, l’attestation a expiré et le duplicata de la CNI demandé en 2019 n’est toujours pas disponible.

En 2020, l’Etat a lancé un nouveau processus d’enrôlement pour un nouveau format de CNI. Je suis allé faire la demande et j’ai eu un RDV pour le mois de Juillet 2020. J’avais retrouvé l’espoir.

Sepcimen de la nouvelle CNI

A ce jour (26 mars 2021), je n’ai toujours pas eu le duplicata de mon ancienne CNI ni ma nouvelle CNI. Pour continuer à prouver mon identité qui a encore expiré, j’ai fait une nouvelle demande d’attestation d’identité et j’ai un délai de 4 semaines pour l’obtenir.

Il faut toutefois noter qu’il est possible de faire une demande d’attestation d’identité dans un commissariat, cependant, les banques refusent ces dernières pour les opérations sur les comptes.

Nouveau Specimen d’attestation d’identité

Une polémique inutile à régler

Depuis que les premiers pétitionnaires ont reçu leurs nouvelles cartes d’identité, il se trouve des personnes qui se plaignent que la nouvelle CNI ne comporte pas la filiation. Pire, certaines banques refusent la nouvelle CNI pour les transactions, préférant l’ancienne. Si ces situations sont encore minimes, il faut agir dès maintenant pour mettre fin ces débats inutiles.

Une discussion sur la nouvelle CNI sur Facebook

Aux Etat-Unis d’Amérique, en France, au Mali et dans bien d’autres pays, les cartes d’identité ne mentionnent pas la filiation. Ce n’est pas parce que c’était le cas sur les anciennes CNI qu’il faut le maintenir sur les nouvelles. Par ailleurs, nos passeports ivoiriens ne portent pas le nom de nos parents. Ils nous permettent pourtant d’aller partout dans le monde et faire des opérations dans des banques à l’étranger. Il faut  que l’Ivoirien cesse de gaspiller le temps et l’énergie sur les batailles inutiles.