Dans notre série sur les principales filières agricoles en Côte  d’Ivoire, nous nous intéressons au maïs cette semaine. La filière maïs en Côte  d’ivoire est l’une des plus importante mais aussi l’une des plus vulnérables. Le maïs joue un rôle très important en matière d’apport alimentaire pour une grande partie de la population mais aussi pour l’élevage.


Un peu de botanique


Le maïs appartient à la famille des graminées comme le riz, le mil et le sorgho. Il occupe la deuxième place après le riz, parmi les céréales cultivées en Côte d’Ivoire. Il est originaire d’Amérique centrale tropicale (Mexique, Bolivie, Equateur, Pérou) .

Céréales

Plant et épis de maïs


Le maïs une plante monoïque : les fleurs mâles et femelles sont portées par la même plante mais placés à des endroits différents. Du fait de la monoïcie et du décalage dans le temps de la maturité mâle et femelle, la fécondation croisée est favorisée. Le maïs est donc naturellement allogame.

Il existe de nombreuses variétés de maïs mais en Cote d’ivoire la recherche a permis de vulgariser (?) de bonnes variétés à cycle court ou long et a des rendements théoriques allant de 2 à 7 tonnes par hectare

Usages et bienfaits

Le maïs est utilisé dans l’alimentation humaine, animale et dans l’industrie comme:

  • Farine en pâte (tôh ou cabato)
  • Bouillie de maïs (baka)
  • Epis frais braisé ou bouilli (kaba béléké)
  • Boisson de maïs (tchapalo)
  • Farine
  • Son de maïs
  • Grain de maïs
  • Bière

Bien que pauvre en protéines, cette céréale est pleine de ressources pour la santé. Les glucides qu’elle apporte sont facilement assimilables par l’organisme, c’est pourquoi ils ne sont pas stockés sous forme de graisses et sa richesse en fibres, contenues essentiellement dans la peau du grain, aident à réguler le transit intestinal. Le maïs est une bonne source de vitamines, notamment de vitamine B.

Les « barbes de maïs » sont employées en pharmacie, sous forme de décoction ou d’extrait liquide, car leur teneur en vitamine K leur donne des vertus antihémorragiques. De plus la richesse en oligo-éléments du maïs (potassium, phosphore, magnésium, calcium, fer et zinc) fait de sa consommation un allié pour la santé. Enfin, à cause de l’absence de gluten, le maïs peut être consommé par les personnes intolérantes à cette protéine.

Quelques chiffres

Avec une production nationale de plus de 840 000 tonnes en 2013 (ANADERSTAT), le maïs constitue, en volume, la deuxième céréale cultivée en Côte d’Ivoire après le riz.

La production nationale, entièrement consommée, était d’environ 600 000 tonnes en 2003. Près de 50% de la production est assurée par la région des Savanes, 9,27% dans le Haut Sassandra, 8,79% dans le Denguélé et 5% dans le Worodougou. Les autres régions se partagent le reste de la production.

Il constitue la matière première la plus importante dans la fabrication des aliments du bétail. Avec le développement de l’élevage (volaille et porc notamment), la demande devient de plus en plus importante et la production intérieure ne suffit plus.
La demande interne de maïs croit plus vite que la production et les rendements (la moyenne nationale est inférieure à 3 tonnes/ha) ne permettent pas de faire face aux besoins. La Côte d’Ivoire se retrouve à  importer du maïs.


Regardons l’échelle mondiale

Le maïs est la culture céréalière la plus produite chaque année. Environ 850 millions de tonnes de maïs grain sont produites sur environ 162 millions d’hectares, pour un rendement moyen de 5,2 t/ha.

La majeure partie de la production de maïs grain est cultivée aux États-Unis et en Chine, qui produisent respectivement 37 et 21 % de la production mondiale. Les trois principaux pays exportateurs de maïs sont les États-Unis, l’Argentine et le Brésil. Ensemble, ils ont exporté un peu plus de 70 millions de tonnes de maïs en 2010. Le Mexique est le deuxième importateur de maïs auprès des États-Unis et de l’Argentine.

Les États-Unis sont également un important producteur de maïs fourrage, avec 2,6 millions d’hectares, mais cette superficie est 10 % moins élevées que celle dédiée au maïs en grain.

L’Union Européenne produit du maïs d’ensilage sur environ 5 millions d’hectares chaque année. Elle  consacre une superficie similaire au maïs grain. L’Allemagne et la France sont les principaux producteurs de maïs fourrage sur le vieux continent.


Pourquoi sommes nous les derniers ?

Les problèmes de la filière rejoignent ceux de l’agriculture ivoirienne en général. Nous sommes très dépendants de la pluie pour cette culture. Les méthodes traditionnelles de production en font une culture non rentable au regard du prix des intrants et des rendements minables. Cela en fait donc une culture que les banques ne financent pas. De plus, peu de fournisseurs d’intrants font du crédit aux producteurs de maïs.

Un coup d’œil sur le compte d’exploitation plus bas vous donnera une idée approximative des réalités du secteur. Pour que ces petites exploitations soient rentables, il faut augmenter le rendement à l’hectare.

Rendement d'un hectare de maïs

Compte d’exploitation d’un ha de maïs (source ANADER)


Il revient moins cher d’importer du maïs du Bresil que de l’acheter en Côte d’Ivoire. Nos coûts de production restent trop élevés et les rendements trop faibles pour tenir face aux géants américains et européens.

Que faire pour s’en sortir ?

Pour faire du maïs de façon rentable en Côte d’Ivoire il faut sortir du modèle de l’agriculture de subsistance. Il faut une approche entrepreneuriale avec un compte d’exploitation clair. Il est important de bien sélectionner la parcelle et bien la préparer. Ensuite il faut faire un bon choix de matériel végétal en tenant compte des rendements théoriques et rendements démontrés en milieux paysan. Sur cette question, SEMAFORT, MAS SEEDS, Callivoire et Semivoire ont de bonnes semences qui ont fait leurs preuves. Vient ensuite la question de la protection des cultures et de la fertilisation. Il faut se faire conseiller et utiliser les bons produits. En ce qui concerne les engrais, je recommande les NPK complexes avec une forte dose d’azote comme il faut pour les céréales.

Une fois que ces choses sont clairement définies, il faut étudier la pluviométrie de la zone si on travaille sans irrigation. Il faut semer dès les premières pluies et se préparer à faire un second cycle avant que les pluies ne s’arrêtent. Dans ce cas il faut privilégier des semences à cycle court et a haut rendement.

Par ailleurs, il faut travailler à trouver un bon circuit et un bon timing pour écouler la production pour éviter de vendre au prix le plus bas. La solution se résume à avoir une bonne semence, respecter l’itinéraire technique, maîtriser ses coûts et vendre a un prix correct. Il y a des agriculteurs qui ont des rendements de 6 tonnes/hectare avec des coûts de moins de 200 mille francs par hectare.