La pandémie de Covid-19 a des conséquences plus ou moins marquées sur l’économie mondiale. Des opportunités sont apparues ici et là mais en général cette catastrophe sanitaire mondiale a laissé un goût amer. La Covid-19 fait souffrir l’agriculture ivoirienne cette année et les conséquences insoupçonnées sont à prévoir pour les mois et années à venir.
La perturbation des chaînes logistiques
Comme beaucoup d’économies africaines, la Côte d’Ivoire dépend énormément des importations pour fonctionnement. Les perturbations de l’économie mondiales ont mis à mal les chaînes logistiques et cela a des conséquences sur les importations d’intrants pour l’agriculture. Ainsi la disponibilité de certaines semences, des engrais et même de certains pesticides est à risque.
De nombreuses filières vont manquer d’intrants en 2021. Les stocks d’engrais par exemple ne seront pas suffisants et les plans d’importation actuels ne permettent pas de tenir la fenêtre d’application de ces engrais pour la saison encours. Par ailleurs les exportations de certains produits agricoles comme la fibre de coton ont été ralenties, voir bloquées pendant des mois. Les exportations de cajou vers le Vietnam sont très lentes en ce moment alors que la campagne devrait déjà être terminée. La crise des conteneurs va s’accentuer avec des augmentations du fret et des surestaries plus élevées.
Des prix incontrôlables
Dans une période d’incertitude les investisseurs/actionnaires/entreprises ont tendance à rationaliser les ressources. Au milieu de l’année 2020, de nombreuses usines et les compagnies maritimes ont réduit la voilure pour limiter la casse au niveau des charges. Avec les vaccins et l’expérience des pays dans la gestion des cas de contamination, les économies en Asie ont repris du service.
Et lorsque la Chine a interdit les exportations d’engrais et que l’Inde a doublé les subventions pour les achats d’engrais, les usines se sont retrouvées face à une forte demande. Les conteneurs bloqués dans l’hémisphère nord ayant du mal à revenir au sud, nous avons eu droit à une escalade des prix du fret maritime. Ces deux facteurs combinés ont cause des hausses de prix sur les importations d’intrants dans notre pays. En moyenne nous avons vu des augmentations de plus de 35% sur les engrais par exemple.
En matière d’exportations de produits agricoles, la situation est mitigée. Si le prix du cacao qui a connu une baisse de 25% pour la campagne intermédiaire, le prix du coton et de l’hévéa par exemple ont connu des hausses significatives. Les producteurs d’huile de palme sont aussi contents vu qu’ils vendent aujourd’hui le kilogramme de régime à plus de 50 FCFA contre 30FCFA l’année dernière.
Des rendements à risque
De nombreuses filières agricoles sont en manque d’intrants cette année. En plus de cette rareté, les augmentations de prix poussent certains producteurs à ne pas utiliser les intrants ou à réduire les quantités. Dans la filière cacao, les ventes d’intrants se sont arrêtées net après la baisse du prix bord champ garanti de 1000F/kg à 750 F/kg. La conséquence de cette situation c’est une baisse des rendements pour la saison agricole en cours et une longue crise alimentaire dans la région.
Des entreprises en difficulté
De nombreuses petites entreprises du secteur agricole ont perdu de l’argent, des marchés et certaines ont fait faillite. La situation est devenue intenable pour certaines entreprises et nous assistons à des faillites dans le secteur. Cela entraînera des destructions d’emplois et tout ce qui va avec. Les importations de produits, semences, intrants sont très pénibles et de nombreuses PME sont inactives avec des charges fixes à payer.
Beaucoup d’incertitudes pour le futur
Nous sommes malheureusement encore dans le brouillard. Il subsiste de nombreuses incertitudes liées aux vagues de Covid-19 ainsi que leur impact sur l’économie globale. Pour les campagnes agricoles à venir, il faudra tirer les leçons de 2021.
- Les prix vont continuer à augmenter et il faut en tenir compte dans l’annexe fiscale 2022
- Le marché des intrants reste volatile et il faut aider les opérateurs à sécuriser leurs importations à temps
- Les agriculteurs sont pris à la gorge et ils auront un pouvoir d’achat encore plus réduit
- La production locale de céréales risque d’être en baisse encore et les prix hauts de cette année vont se maintenir
- Certains pays vont encore interdire les exportations de produits alimentaires
15/10/2021 at 18:55
Bon résumé.
Vous devez faire aussi des propositions aux autorités pour diminuer les effets de cette situation
13/08/2021 at 18:42
Merci infiniment pour cet article très riche.
Dieu vous bénisse!