Un rayon de soleil naissant nommé Awa Fadiga s’en est allé. Dans des conditions troubles et révoltantes. Et un brouhaha s’est créé après cette tragédie. Entre indignation, plaintes, colères, injures, conférences de presse et réseaux sociaux, l’Ivoirien est tiraillé de partout. Qui dit vrai ? Qui dit des contre-vérités ? Qui ne dit pas tout ? 

Pour y voir clair il faut lire tous les témoignages et surtout avoir du recul pour ne pas verser dans l’émotionnel qui entraîne des comportements irrationnels. Sinon, à quoi sert-il d’injurier la ministre de la santé ? Les médecins ? Le gouvernement ? Cela remaniera-t-il Awa ? Cela changera-t-il quelque chose ? Ma foi non . 

Ce drame est la conséquence d’une série de dysfonctionnements dans notre pays. Et ces dysfonctionnements soulignent les tares des 3 ministères concernés. Et plus grave, ces problèmes ne sont pas nouveaux ce qui signifie que nous ne tirons pas les leçons de problèmes du passé. Pour ma part, 3 facteurs se sont ligués involontairement pour tuer la jeune Awa.

1. L’insécurité

C’est un problème majeur qui demeure malgré tous les efforts déployés pour enrayer cette gangrène. Cela explique pourquoi une jeune fille peut se faire agresser et jeter d’un taxi près d’un camp de gendarmerie.

2. Les hôpitaux mouroirs

Sans abuser, nos hôpitaux publics sont de véritables mouroirs. Et faites un tour aux urgences vous comprendrez mon qualificatif. Les services d’urgences qui reçoivent des polytraumatisés n’ont pas d’appareils de radiographie fonctionnels. Les médicaments censés être gratuits ne sont pas disponibles. Même les gants ne sont pas disponibles. Et dans ce décor noir comment comprendre qu’un patient inconscient arrive et que c’est 17 heures plus tard qu’on demande un scanner ? Je ne suis pas médecin mais une perfusion ce n’est pas signe qu’on a fait tout ce qu’on devait faire. 

3. Le désordre des transports

Le secteur du transport en Côte d’Ivoire est un véritable panier de crabes. Et un désordre qui broie quiconque veut y mettre de l’ordre. Les taximen agresseurs ce n’est pas nouveau. Mais rien non plus n’est fait pour régler ce problème. Awa c’est la victime de trop. Sinon il y en a des centaines, voire des milliers à Abidjan. Pour ne plus qu’on vive ce genre de drame il faut que chacun fasse son travail. Et que les coupables et les responsables de ce drame rendent des comptes aussi. Le ministère de l’intérieur doit continuer la sécurisation du pays. Prévention et répression de la criminalité doivent remplacer les reportages d’autosatisfaction à la télévision nationale. 

Notre Police doit avoir des enquêteurs capables de mener une affaire au bout et faire mettre en prison les brigands comme ce chauffeur de taxi. Le ministère de la santé doit… Je ne puis finir. Ce secteur est à réformer en impliquant tous les acteurs. La gratuité a échoué aussi. Le ministère des transports ? Je crois que le ministre actuel n’est pas à la hauteur et ne pourra rien changer. Son dernier passage à la télévision est la preuve.  

La société civile doit se faire entendre. Et ce n’est pas en injuriant ou en se présentant comme une menace qu’on y arrivera. Aujourd’hui les autorités peuvent être touchées plus facilement avec les réseaux sociaux et les nouvelles technologies. Utilisons-les et allons comme un seul homme. Pour la même affaire il y a de nombreux groupes et pétitions. Cela dilue les efforts.

Et je crois que cette jeunesse peut faire changer les choses. C’est ainsi que je salue la réactivité, l’initiative et la créativité de Régis Bamba et ses partenaires qui ont développé une application fonctionnant sous Android pour signaler ses déplacements en taxi à ses proches.

Repose en Paix Awa.